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En 2007, l’âge moyen et l’espérance de vie de la population française augmentent mais également la prévalence des arthroses de hanche et de genou. Environ 100 000 prothèses totales de hanche et 50 000 prothèses totales de genou sont posées chaque année.

Bien que l’âge moyen de la population française porteuse d’une prothèse totale de hanche soit de 65 ans, de plus en plus de sujets jeunes et actifs sont candidats à une arthroplastie. Ces patients sont exigeants sur les performances fonctionnelles de leur prothèse car souvent actifs et sportifs.

Actuellement, l’espérance de vie d’une prothèse totale de hanche est supérieure à 20 ans (dans 90% des cas) et supérieure à 15 ans pour une prothèse totale de genou, mais peut-on assurer une durée de vie aux prothèses aussi longue à un patient qui prétend avoir une activité physique intense et sans limitation ?

A ce jour, aucune étude française n’a été publiée sur ce sujet, nous avons donc été amenés à revoir la littérature internationale ; qui s’est principalement intéressée à la prothèse totale de hanche et la prothèse totale de genou.

Sports et prothèse

En 1960, les premières prothèses totales de hanche implantées chez des patients par CHARNLEY, avaient comme objectif principal de traiter la douleur.

Aujourd’hui, cette intervention a comme objectif, d’améliorer la fonction de l’articulation par le traitement de la douleur, de la raideur, de l’instabilité, de la boiterie, permettant de reprendre une activité quotidienne normale mais également une activité physique et sportive !

Selon les recommandations de l’« American Association of Sports Medecine », une activité physique et sportive est souhaitable et bénéfique pour le système cardio-vasculaire ainsi que pour l’appareil locomoteur des patients.

Par semaine, il faut pratiquer au minimum 3 fois 20 minutes d’activité physique.

Ceci entraîne une amélioration sur le bien être général avec également un bénéfice physiologique prouvé sur le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité,la pathologie coronarienne, l’ostéoporose, et également des bénéfices psychologiques sur l’anxiété ou la dépression.

On doit donc favoriser l’activité sportive d’un patient porteur d’une prothèse, mais peut-on autoriser tous les sports ?

La plupart des articles de la littérature déconseillent habituellement « les sports à haut niveau d’impact ainsi que les sports de compétitions « afin d’éviter l’augmentation des pics de contrainte et les risques de descellement des prothèses. Néanmoins, il n’y a pas d’étude scientifique qui permet de confirmer cette réserve, et habituellement l’autorisation de pratiquer un sport repose souvent sur la connaissance et l’expérience personnelle du praticien (chirurgiens, rhumatologues, médecins du sport ….).

Après mise en place d’une prothèse, la maîtrise du geste sportif et une bonne pratique de l’activité sportive antérieurement pratiquée doivent permettre une reprise sans limitation quelques mois après l’intervention.

En revanche il est déconseillé de débuter et de découvrir une activité sportive ; celle-ci doit être considérée comme dangereuse et doit être interdite au patient. Certains sports restent dans tous les cas interdits ou fortement déconseillés pour les patients porteurs d’une prothèse ; comme les sports pivot-contact, sports collectifs (football, hand-ball), sports d’impulsion (volley-ball, sports acrobatiques).

En revanche les sports conseillés sont avant tout, ceux où l’activité physique est peu contraignante pour les articulations des membres inférieurs comme la natation, la marche, l’aquabiking, etc….

schéma bike prothèse

Sports et prothèse totale de hanche

En 1999, MONT(10) a publié dans « Sports Medecine» une étude sur des patients pratiquant du tennis en club et porteurs d’une prothèse totale de hanche. Il a interrogé 58 patients joueurs de tennis âgés en moyenne de 70 ans (de 47 à 89 ans). Dix sept patients avaient eu une prothèse totale de hanche bilatérale soit 75 hanches opérées.

Cet article est très intéressant puisque dans cette population, 14 patients avaient été opérés dans le but de continuer à jouer au tennis. La reprise de leur sport avait été effective environ 7 mois après l’intervention, de façon régulière 3 fois par semaine, et au même niveau de tennis.prothèse total hanche

Le taux de survie de la prothèse était de 96 % à 8 ans de recul, alors que dans la population générale le taux de survie à 10 ans varie entre 95 et 98% de survie. SEYLER était arrivé aux mêmes conclusions en 2006. Il n’a pas montré un taux d’échec ou de reprise plus important chez les joueurs de tennis par rapport à la population générale.

En 2000, GSCHWEND, dans une étude prospective sur 10 ans, a comparé 50 patients pratiquant du ski de piste et 50 patients sédentaires tous porteurs d’une prothèse totale de hanche à 5 et 10 ans de recul. Au dernier recul, il a montré une usure plus importante chez les skieurs, 2,1 mm d’usure par rapport à 1,5 mm d’usure mais sans reprise chirurgicale.

Un travail de DUBS en 1985, avait montré que chez un patient sédentaire, l’usure du polyéthylène d’une prothèse de hanche est de 0.10 mm/an et alors qu’elle est de 0.39mm/an chez les patients actifs, au recul de 7 ans. Une étude podométrique a montré que l’usure du polyéthylène est corrélée au nombre de pas quotidiens et que 30 mm3 de polyéthylène sont usées par million de cycles de pas de marche, pour un sujet de 70kg.

Il semble donc qu’une activité physique intense augmente l’usure du polyéthylène et diminue de ce fait la durée de vie de la prothèse. Néanmoins, la relation entre taux de révision des prothèses, âge et niveau d’activité physique donne, selon les travaux, des résultats discordants. Au delà de 10 ans, les risques de reprise prothétique semblent plus souvent liés à des phénomènes d’ostéolyse péri-articulaire, indépendante de contraintes mécaniques.

A titre indicatif, la durée de vie moyenne d’une prothèse totale de hanche dans la population générale est d’environ 94% de survie à 15 ans et 77% de survie à 25 ans, alors que dans la population des patients de moins de 50 ans, donc actifs, la survie est de 88% à 15 ans et 69% à 25 ans.

Les résultats de l’enquête de recommandations réalisée par les membres de la « HIP Society » en 1999 auprès de 54 chirurgiens seniors permettent aujourd’hui de nous aider dans l’orientation de la pratique du sport de nos patients.
Les conclusions de cette étude montrent que les sports autorisés chez des patients porteurs d’une prothèse totale de hanche sont les sports à faible contrainte, sans pivot contact. Il faut proscrire l’apprentissage d’un nouveau sport mais on peut tolérer certains sports si la technique est antérieurement connue et maîtrisée. Enfin, il faut prévenir le patient des risques d’usure plus importante dans une activité sportive intense.

Sports et prothèse totale de genou

prothèse total genoux

Il s’agit d’une population de patients souvent plus âgés de 65 à 85 ans, plus fréquent chez la femme. Chez les patients plus jeunes et actifs, il existe des traitements chirurgicaux conservateurs comme l’ostéotomie tibiale de valgisation qui donne de bons résultats. La moyenne d’âge de ces patients est de 52 ans. Il ne s’agit donc pas de la même population !

En 2002, MONT a étudié 33 joueurs de tennis âgés en moyenne de 64 ans, porteur d’une prothèse totale de genou (46 genoux). Leurs chirurgiens avaient autorisé une reprise du tennis en double dans 45% des cas et en simple dans 21% des cas. La reprise du tennis avait été possible environ 1 an après l’intervention, à une fréquence de 3 fois par semaine et au même niveau. A 7 ans de recul, il n’y a pas eu de reprises chirurgicales !

Le golf a été également étudié en 1996 par MALLON. Il a réalisé une enquête chez 83 golfeurs porteurs d’une prothèse totale de genou, 92% des ces patients ont repris le golf sans limitation. La reprise du golf a été possible 5 mois après l’intervention à une fréquence de 3,7 fois par semaine. Dans 84% des cas, les patients ne présentaient aucune gêne dans leur activité sportive !

Deux études plus récentes de BOCK, et de CHATTER, sur plus de 150 patients, ont montré une évolution progressive de l’activité sportive des patients vers des sports à moindre contrainte comme la marche, la natation ou le vélo.
Contrairement à la hanche il semble que les contraintes de pression soient plus importantes sur la prothèse du genou.

L’étude biomécanique de KUSTER le montre. Il a évalué les forces et surfaces de contrainte d’une prothèse totale de genou durant 4 activités sportives: vélo, marche, randonnée en montagne et jogging. Il a comparé 3 types de prothèses totale de genou : prothèse à plateau standard, à plateau ultra-congruent et à plateau mobile. Les résultats montrent que le pic de contrainte varie en fonction de l’activité sportive mais également de l’angle de flexion du genou. En effet à 50° de flexion du genou, cette force dans la pratique du jogging est 9 fois le poids du corps sur le compartiment fémoro-tibial. Il apparaît donc qu’il faut favoriser l’activité comme le vélo et la marche à pied et contre- indiquer le jogging, voir la randonnée en montagne.

prothèse total genoux2

Conclusion

La reprise de l’activité physique et sportive après prothèses articulaires est une question souvent posée par le patient au chirurgien mais également au médecin du sport et au médecin traitant.

La pratique d’une activité physique étant souhaitable pour le système cardio-vasculaire et pour l’appareil locomoteur, il faut favoriser la reprise d’une activité sportive mais également en connaître les risques.

Il faut privilégier les activités d’endurance, de loisirs, à faibles contraintes comme l’aquabiking !

Certains sports plus à risques peuvent être autorisés dans le cadre d’une maîtrise du geste technique et après avoir prévenu le patient des risques d’usure.

Vous avez mal au genou. Vous pensez que c’est une lésion du ménisque. Votre médecin vous l’a confirmé. Attention, vos ménisques usés de senior ne se soignent pas comme les ménisques cassés des jeunes ! Explications et conseils.

Les ménisques du genou sont 2 petits croissants fibreux et élastiques posés sur la partie haute et plate du tibia. Ils permettent l’emboîtement de la portion basse et ronde du fémur, l’os de la cuisse.

Ainsi, ils contribuent à la stabilité de l’articulation et limitent les frictions. Ils augmentent aussi la surface de contact entre le tibia et le fémur, et réduisent les pressions.

Bien sûr, ils se comportent également comme de petits amortisseurs.

Ces 3 fonctions vous permettent de comprendre pourquoi ils se révèlent essentiels pour éviter l’arthrose, c’est-à-dire l’usure du cartilage qui recouvre les os au niveau des articulations. De fait, vous constaterez que le traitement vise toujours à « économiser » les ménisques.

menisque usé - SantéSportMagazine Senior 5 - Illustration Mathieu Pinet

Ménisque usé n’est pas cassé !

Vous ne vous souvenez pas franchement avoir tordu votre genou. Votre douleur est survenue peu à peu. Vous avez abîmé progressivement votre ménisque.

Le jeune footballeur, lui, se rappelle. Il a eu brusquement mal lors d’une bascule articulaire. Son ménisque a été écrasé entre l’os de la jambe et celui de la cuisse. Il s’est fissuré verticalement. Cette irrégularité se comporte comme un trottoir sur lequel cogne la roue du fémur.

Un fragment de ménisque est souvent mobile, il irrite l’articulation et peut même se coincer. Le vôtre a travaillé pendant des années. Il a été impacté par vos footings, il a été insidieusement cisaillé par vos changements de direction au tennis ou au foot. Il présente désormais une fissure horizontale. Sa surface reste régulière. Il n’y a pas d’effet « nid de poule ». En revanche, il n’est plus très compact et votre douleur provient des tiraillements de la membrane articulaire qui s’y accroche en périphérie.

menisque cassé - SanteSportMagazine Senior 5 - Illustration Mathieu Pinet

En effet, votre ménisque n’est pas innervé, seuls les tissus qui l’entourent peuvent vous faire mal. L’I.R.M. ou « imagerie par résonance magnétique » analyse bien la texture des ménisques. Elle permet de visualiser la déchirure centrale et fait aisément la différence avec une fissure.

Le radiologue mentionne souvent un ménisque « dégénératif ».

Chirurgie déconseillée

Ces ménisques laminés sont souvent retrouvés chez les vieux sportifs… de plus de 40 ans !

Ils caractérisent l’usure débutante du genou. Si vous l’enlevez, si vous en réséquez une bonne partie, vous serez soulagé… provisoirement. La douleur méniscale disparaîtra mais, rapidement, la situation se dégradera. En l’absence d’amortisseurs, de répartiteurs de pression et de stabilisateurs, le cartilage est surmené.

Déjà fragilisé par les années, il est raboté et s’use à grande vitesse. Et, vous le savez, il ne peut pas cicatriser ! Quelques années plus tard, ou même au bout de quelques mois, vous souffrez d’une authentique arthrose du genou ! Il faut faire le maximum pour conserver votre ménisque usé !

De multiples traitements possibles

Vous avez pratiqué une activité sportive plus agressive que d’habitude. Votre membrane articulaire a été irritée par les cisaillements méniscaux. De simples anti-inflammatoires peuvent vous calmer. Une paire de semelles correctrices se révèle parfois bénéfique, surtout si vous avez les jambes arquées. En relevant le bord externe du pied, elle décomprime un peu le compartiment interne du genou, le plus souvent concerné par l’usure méniscale.

Des médicaments protecteurs du cartilage, type glucosamine ou chondroïtine, sont parfois prescrits pour limiter l’usure globale du genou. Si la douleur persiste ou si elle est trop handicapante, une infiltration de corticoïde peut être envisagée. Il ne s’agit pas d’un « cache-misère ». Elle apaise l’emballement autodestructeur du processus inflammatoire ; elle doit s’intégrer dans une stratégie thérapeutique globale et cohérente vous permettant de conserver votre ménisque le plus longtemps possible.

Il est conseillé de l’effectuer en association avec un arthroscanner. Au cours de cet examen, on injecte aussi un produit de contraste qui se faufile dans les irrégularités articulaires. Ainsi, on analyse plus finement la surface du ménisque à la recherche d’une fissure passée inaperçue.

Quelques temps après, il est possible de compléter par l’injection d’un produit visqueux et lubrifiant. On parle de « visco-induction ». Les roulements et les glissements articulaires sont optimisés. Dans les semaines qui suivent, il faut profiter de la fréquente disparition des douleurs pour renouer avec une activité physique.

Véritable cercle vertueux, le sport bien choisi et progressif renforce et coordonne les muscles, le mouvement articulaire redevient harmonieux et les contraintes méniscales diminuent.

Du sport progressivement et sans douleur !

ménisque

En cas de ménisque dégénératif, il est souvent possible de faire du sport… c’est même conseillé pour préserver un bon fonctionnement de l’articulation.

Bien sûr, il faut adapter la discipline. Pour un temps au moins, il faut renoncer aux rotations brutales et aux déséquilibres inhérents aux sports de combat, de ballon ou de raquette.

En course à pied, le genou subit l’impact de la réception de chaque foulée. Surtout, quand vous êtes en appui sur une seule jambe, le poids du corps provoque une compression de la partie interne du genou et écrase le ménisque.

En pratique, l’aquabiking rétablit l’équilibre en posant le bassin sur la selle.

Vous pouvez écraser les pédales et vous muscler sans avoir mal !

Dans une moindre mesure, les appareils de cardiotraining type elliptique ou stepper évitent la bascule du genou en assurant un appui simultané sur les 2 pieds. Leur utilisation provoque rarement des douleurs.

Sur rameur, il est conseillé de ne pas trop plier les genoux afin d’éviter de pincer les ménisques.

Bien évidemment, la natation est le plus souvent conseillé. Avec des palmes, il redonne de la force à vos cuisses. Malgré l’absence de compression articulaire, les rotations de genoux provoquées par le geste de la brasse provoque parfois quelques douleurs.

Quand votre genou ne vous fait plus souffrir, lorsque votre membre inférieur a retrouvé force et coordination, vous pouvez tenter de trottiner puis de courir. Si vous êtes passionné de ballon ou de raquette, testez les déplacements latéraux et les changements de direction, vous verrez bien comment réagit votre genou !

Une opération… En dernier recours !

Un ménisque usé est plus fragile. Sa consistance filandreuse, un peu comme de la chair de poisson, le rend plus vulnérable. Aussi peut-il se fissurer… comme celui d’un jeunot !

Si la lésion est importante, ce traitement dit « médical et rééducatif » se montre souvent inefficace. Pire, si un fragment bringuebale dans l’articulation, il risque d’abîmer le cartilage et la préservation du ménisque se révèle plus nuisible qu’utile.

De temps à autre la stratégie thérapeutique proposée ne vous permet pas de reprendre les sports qui vous tiennent à cœur et vous ne souhaitez pas modifier vos pratiques… malgré les conseils de votre médecin. Dans toutes ces circonstances, une intervention devient nécessaire. L’ablation du segment méniscal usé ou cassé doit impérativement être parcimonieuse et économique ! Si vos jambes sont arquées, certains chirurgiens vous proposent de ré-axer votre tibia pour limiter les contraintes sur la partie interne du genou !

Parfois, cette intervention s’impose dans les années qui suivent pour éviter la destruction complète du cartilage.

Pour réduire les risques d’arthrose, il faut patienter avant de reprendre les disciplines sportives contraignantes. Les délais sont incomparables avec les 3 à 6 semaines préconisées après méniscectomie partielle chez un jeune footballeur de haut niveau. Le moignon méniscal doit prendre le temps de se mouler sur les surfaces articulaires.

En pratique, 3 à 4 mois, se montrent souvent nécessaires. Il est d’usage de dire que le sportif a « oublié » son ménisque après environ 1 an ! Les protecteurs du cartilage, les semelles et pourquoi pas les produits visqueux, peuvent encore vous aider.

Que vous soyez coureur ou tennisman, la diversité est désormais vivement recommandée pour préserver votre genou !

Aquabiking, cardio et muscu font désormais partie de votre préparation physique et articulaire.

Ils vous permettent de poursuivre vos sports préférés.

Pratiquez-les avec moins d’intensité et plus de philosophie !

 

Cet article m’a été inspiré par Stéphane CASCUA, médecin et nutritionniste du sport