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Très prisée des sportifs, la mésothérapie fait maintenant partie de l’arsenal thérapeutique en traumatologie du sport, au même titre que les médicaments, la kinésithérapie, les infiltrations, etc. Explications de notre expert, le Docteur Jacques Le Coz, médecin du sport, attaché à l’INSEP.

Cette technique permet de répondre à une lésion locale par un traitement local. La séance est indolore et évite les effets secondaires des médicaments par voie générale. Le praticien doit évidemment poser un diagnostic précis et juger si cette lésion relève du domaine de la mésothérapie.

Une idée novatrice et bénéfique

mesotherapie

La technique de la mésothérapie a été mise au point en 1952 par le Dr Michel PISTOR. Chez le sportif, cette thérapeutique permet d’éviter, dans un nombre non négligeable de cas, des infiltrations de corticoïdes, et de diminuer considérablement l’administration par voie orale des anti-inflammatoires. L’adage du Dr PISTOR, « peu, rarement et au bon endroit », garde toute sa vérité depuis plus de 50 ans après la première publication parue dans la presse médicale en 1958. Nous pourrions y ajouter une notion de profondeur des injections variant entre 1 et 10 mm. Cette technique médicale d’injections locales consiste donc à introduire, en regard de la lésion ou de son origine, une dose faible de médicaments de la pharmacopée traditionnelle, à l’aide d’une aiguille stérile montée ou non sur un appareil mécanique ou électronique.

Un matériel adapté

Depuis très longtemps se pratiquaient les injections plus ou moins profondes dans la peau. Mais tout le mérite du Docteur PISTOR a été d’en faire une technique polyvalente tout en reconnaissant ses limites. Il paraît en effet intéressant de piquer une tendinite d’Achille en regard du tendon d’Achille, une lésion musculaire en regard de la cicatrice sans passer par la voie générale. Nous utilisons un matériel stérile à usage unique. Il n’est plus question, depuis de nombreuses années, d’employer les multi-injecteurs, y compris les multi-injecteurs à usage unique. L’aiguille stérile de 4, 6 ou 13 mm permet de réaliser des injections entre 1 et 10 mm de profondeur. Ces variations de profondeur dépendent de la zone traitée, de l’épaisseur du tissu cutané : une tendinite du coude chez un tennisman se piquera à 2 mm de profondeur, alors qu’une douleur lombaire peut nécessiter des injections allant jusqu’à 10 mm de profondeur. Les interventions peuvent se faire soit manuellement – le praticien dans ce cas interviendra en tenant la seringue dans une main et en répétant ses injections –, soit à l’aide d’appareils électroniques permettant une intervention quasi indolore. Ces appareils sont très utiles, en particulier chez le sportif et permettent des interventions confortables sur des zones délicates, les doigts et la voûte plantaire par exemple.

Des produits variés et ciblés

En traumatologie sportive, il s’agit de produits classiques : les anti-inflammatoires non stéroïdiens très dilués. Attention, il faut les différencier des anti-inflammatoires stéroïdiens ou corticoïdes qui eux ne sont jamais utilisés en mésothérapie, mais seulement lors des infiltrations. Votre médecin du sport peut employer également des décontracturants musculaires, des ouvreurs de vaisseaux, des anti-oedémateux ou des hormones favorisant l’entrée du calcium dans les os. Les mélanges comportent deux à trois produits. Leur compatibilité physique et chimique a été testée. La dose injectée varie de 0,5 cc à 2 cc. Plusieurs critères sont à l’origine du choix des produits : l’ancienneté de la lésion, l’acuité de la douleur, la traduction à la peau de cette souffrance sous-jacente.

Une technique précise

Comme nous l’avons indiqué précédemment, nous n’employons plus les multi-injecteurs. Nous utilisons une aiguille stérile à usage unique, et nous reproduisons les ponctures le long du trajet douloureux. Le nombre d’injections dépend de l’étendue de la lésion et de la technique utilisée. Prenons l’exemple d’une tendinite au coude d’un tennisman. Nous pouvons répéter cinq ou six ponctures à une profondeur de 2 mm en injectant 0,1 ml de produits actifs à chaque impact. Poursuivons avec le cas d’un épaississement douloureux de la peau à l’arrière de l’épaule suite à l’irritation d’un nerf sortant du cou. Il est possible de faire quelques impacts en regard de la vertèbre en souffrance, et un criblage de la zone cutanée empâtée par une technique d’injections épidermiques superficielles. La dose injectée est alors très faible.

Un protocole bien rodé

En traumatologie du sport, nous proposons une séance hebdomadaire en moyenne, et pratiquerons en règle générale trois séances. Si le patient ne souffre plus, nous arrêtons la mésothérapie. Si, après la troisième séance, l’amélioration est franche, supérieure à 50 % ou 60 %, nous poursuivons les séances à ce rythme. Si en revanche, le résultat est médiocre, nous arrêtons la technique de la mésothérapie pour proposer une autre technique thérapeutique. Dans le cadre de la consultation de mésothérapie créée en 1981 à l’INSEP de Paris, nous avons constaté que cette technique thérapeutique a permis de diminuer très nettement le nombre d’infiltrations de corticoïdes et la prise d’anti-inflammatoires par voie orale, prescrits habituellement dans différentes pathologies de traumatologie sportive. En règle générale, nous proposons une intervention isolée, sans thérapeutique par voie orale. En revanche, il est possible d’associer cette thérapeutique à des séances de physiothérapie ou de kinésithérapie.

Des injections minimes et locales

L’utilisation d’anti-inflammatoires est possible chez les porteurs d’ulcère gastrique car il n’y a pas de douleur gastrique à la suite des injections, les doses étant faibles. Il est également possible de traiter un patient sous anticoagulant et en regard de matériel prothétique ou synthétique faisant suite à une intervention chirurgicale. Certaines allergies locales peuvent être présentes, mais elles sont rares et toujours bénignes. Le seul risque est de tomber sur un praticien non rompu à cette technique qui injecterait des produits non adéquats entraînant des douleurs aux injections ou des hématomes lors de la séance.