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Les personnes ayant de l’asthme (asthmatiques) ne doivent pas s’empêcher de faire de l’aquabiking. Au contraire, elles doivent faire du sport pour maintenir une bonne forme physique. Bien qu’il cause plusieurs symptômes désagréables aux personnes qui en sont atteintes, l’asthme ne doit pas être un frein à l’activité physique. Au contraire, pour maintenir une bonne forme physique, les asthmatiques doivent faire du sport.

Vivre avec les effets secondaires de l’asthme

« Le diagnostic a changé ma vie », me dit un asthmatique âgé de 38 ans et grand sportif. Bien que les symptômes de l’asthme l’affectent beaucoup, pas question pour lui de troquer l’aquabiking contre le canapé.

Cette maladie chronique lui a été diagnostiquée l’automne dernier. Il croyait avoir toujours été fragile des poumons. La toux, le souffle court, une sensation de brûlure dans les bronches l’accaparent pendant et après ses séances.

Tous les asthmatiques peuvent-ils faire de l’aquabiking ? « Oui, ils doivent en faire comme tout le monde », répond d’emblée le Dr Pierre d’Amours, pneumologue au CHU de Québec. « Notre but comme médecins est que tous les asthmatiques puissent faire de l’exercice, qu’ils aient une belle qualité de vie, et qu’ils ne fassent pas de crise d’asthme à l’effort. Avec les médicaments que l’on a en 2014, on y arrive dans la grande majorité des cas. Autant dans l’asthme que dans la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), on essaie de garder nos patients actifs et cela leur est bénéfique. »

À une autre époque, les asthmatiques étaient cloués au banc et ils devaient éviter de bouger. « Dans les années 60, 70 et 80, on interdisait aux patients de faire du sport et ils avaient souvent congé d’éducation physique », indique le Dr Claude Poirier, pneumologue et responsable du programme de réadaptation pulmonaire du CHUM.

La médication

L’aquabikeur(euse) prend sa pompe de corticostéroïdes (qui empêche l’inflammation des bronches) une fois par jour, mais cela grimpe à quatre fois, le matin et le soir, en période de crise ou lorsqu’il est malade. Si l’aquabikeur(euse) a le temps de s’échauffer avant un entraînement, il n’a pas besoin de ses pompes. Mais il prévient toute crise en prenant deux inhalations de Ventoline avant le début du cours.

« À travers des données statistiques, au Canada, lorsque les patients sortent du bureau de leur médecin, un peu plus de la moitié iront chercher leurs prescriptions, signale le Dr Poirier. Au bout d’un an, environ 25 % d’entre eux les prendront encore. » Il précise que l’enseignement auprès des asthmatiques améliore leur fidélité aux pompes et que celles-ci font une différence dans leur maladie au quotidien.

Les facteurs déclencheurs

L’air chaud ou froid, le smog et l’humidité font partie des facteurs qui déclenchent l’asthme chez les personnes qui en sont atteintes. « Il faut connaître nos facteurs déclenchant », signale le Dr d’Amours.

Le sport n’améliore pas la capacité pulmonaire des asthmatiques, selon les pneumologues interrogés. Il leur procure toutefois une bien meilleure forme physique. Bien connaître ses symptômes, respecter ses limites par rapport aux facteurs déclencheurs et à son niveau d’inconfort ainsi que prendre sa médication selon la posologie de son médecin sont des gages de meilleure respiration pour les asthmatiques sportifs.

La pompe des athlètes

Les athlètes de haut niveau, par exemple les fondeurs, les patineurs et les aquabikeurs(euses), viennent à développer des symptômes similaires à l’asthme en raison de l’hyperventilation par temps froid ou des vapeurs de chlore à la piscine.

« De 40 à 50 % des fondeurs en sont atteints », souligne le Dr Pierre d’Amours, pneumologue au CHU Québec. « L’athlète respire tellement durant son sport que cela crée un assèchement de la muqueuse et une réaction qui ressemble à l’asthme, explique le Dr Claude Poirier, pneumologue au CHUM. On dit qu’ils font des bronchospasmes induits par l’effort. Chez les nageuses synchronisées, la plupart ont ce genre de symptômes. Dès leur retraite, elles n’ont plus besoin de leur pompe. » Ces athlètes doivent obtenir un certificat d’un médecin qui prouve leur asthme (après avoir passé plusieurs tests), car la médication qu’ils doivent prendre se trouve sur la liste des produits dopants bannis par le Comité international olympique.

S’amuser sans s’essouffler

Si la combinaison asthme et aquabiking est possible, mes conseils sont de mise pour s’amuser sans être essoufflé.

1. Toujours avoir avec soi sa pompe de Ventoline.

2. Connaître ses limites et savoir s’arrêter si les symptômes persistent.

3. Utiliser ses médicaments selon la posologie recommandée par son médecin.

4. Faire des exercices d’échauffement avant l’activité physique et des exercices de récupération après.

5. Se protéger contre les déclencheurs d’asthme durant les exercices physiques, par exemple par temps froid ou chaud, ou durant une période de smog ou de pollen. Faire de l’exercice à l’intérieur durant les conditions climatiques défavorables aux asthmatiques.

6. Si les symptômes apparaissent, diminuer ou cesser tout exercice physique et utiliser la médication selon la recommandation du médecin.

 

C’est bien connu, le tabac est nocif pour la santé et il n’est pas compatible avec la pratique de l’aquabiking. Les méfaits du tabac sont bien connus des aquabikeurs(euses). Contrairement à ce que l’on pense, l’aquabiking ne permet d’éliminer que partiellement les effets du tabac.

Fumer 20 cigarettes par jour provoque une hypoxie (baisse de la quantité d’oxygène dans le sang) comparable à l’hypoxie provoquée par un séjour à 2500 mètres d’altitude. La cigarette la plus dangereuse est celle qui suit immédiatement la séance d’aquabiking car elle entraîne un risque de spasme coronarien (spasme des artères irriguant le cœur) avec risque mortel.

Et pourtant, beaucoup trop d’aquabikeurs(euses) fument. Alors pourquoi mettre un handicap à sa pratique sportive ?

Pourquoi l’aquabikeur(euse) fume-t-il ?

  • pour faire comme tout le monde
  • parce qu’étant souvent en groupe, la tentation est forte
  • pour lutter contre le stress et l’anxiété
  • parce le tabac rend dépendant et qu’une fois les premières cigarettes fumées, il est difficile de s’arrêter

Quels sont les effets du tabac sur les pratiquants de l’aquabiking ?

Le tabac est constitué de nombreux composés toxiques dont les plus connus sont la nicotine, le monoxyde de carbone et les goudrons.

La nicotine : c’est le composé qui créé la dépendance au tabac

La nicotine provoque :

  • une augmentation de la fréquence cardiaque néfaste à la pratique de l’aquabiking
  • une augmentation de la tension artérielle néfaste à la pratique de l’aquabiking
  • une augmentation de la consommation d’oxygène par le muscle cardiaque néfaste à la pratique de l’aquabiking
  • une vasoconstriction (c’est-à-dire constriction des artères), responsable d’une augmentation du travail cardiaque et d’une diminution de la micro-circulation artérielle
  • une perturbation du système de régulation de la glycémie (taux de sucre dans le sang) avec conséquences sur la performance sportive
  • une augmentation du taux d’acide lactique avec effets néfastes sur la contraction musculaire
  • une accélération de la dégradation de la vitamine C et perte des bénéfices de celle ci

Le monoxyde de carbone

C’est le composé responsable de l’intoxication, parfois mortelle, des victimes de feux. Et pourtant certains en inhalent volontairement en fumant du tabac !

  • l’hémoglobine (qui sert au transport de l’oxygène dans les globules rouges) et la myoglobine (qui sert au transport de l’oxygène dans les muscles) sont plus sensibles au monoxyde de carbone qu’à l’oxygène. Le monoxyde de carbone, inhalé en fumant, prend donc la place de l’oxygène sur les globules rouges et dans les muscles. En conséquence, il provoque :
  • une hypoxie tissulaire (c’est-à-dire manque d’oxygène pour les tissus) avec des répercussions, en particulier au niveau des muscles.
  • cette hypoxie tissulaire entraîne, au niveau du muscle, des réactions multiples perturbant le bon fonctionnement musculaire : fatigabilité musculaire anormale, « stress musculaire »

Les goudrons

Ils provoquent une irritation des bronches avec diminution de l’efficacité de la lutte contre les agressions extérieures (infections, polluants…) et augmentation des crises d’asthme

Au total le tabac entraîne pour les aquabikeurs(euses) :

  • une altération des performances musculaires (modification de la qualité des fibres musculaires, altération du bon fonctionnement du muscle par modifications enzymatiques et par modifications endocriniennes)
  • une diminution de la capacité respiratoire
  • diminution de l’endurance (par exemple : sur une course de 12mn il peut y avoir jusqu’à 20% de baisse de la performance pour un fumeur comparé à un non fumeur)
  • une diminution de la résistance
  • une diminution des performances de vitesse et de force (effet moins perceptible que sur l’endurance)
  • une augmentation des risques cardiovasculaires (risque d’infarctus, de mort subite)
  • une augmentation des risques cardiaques (troubles du rythme avec risque mortel)
  • une diminution de l’efficacité de la cicatrisation

En conclusion

Fumer du tabac engendre des risques importants pour la santé de tous, y compris des aquabikeurs(euses). Mais en plus, le tabac diminue les performances des aquabikeurs(euses) et leur fait risquer plus de blessures.

En conséquence, tabac et aquabiking forment un mauvais mélange.

Il est donc indispensable et urgent d’arrêter de fumer !

L’aquabiking est un moyen de lutte efficace contre le tabagisme, il aide à ne pas commencer et à s’arrêter.

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Par Fabrice KUHN, médecin du sport.