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cardiofrequencemetre-pm-90--21655--beurer--5_360x300Votre fréquence cardiaque ne permet pas d’évaluer finement l’intensité ou la difficulté de votre effort. De nombreux paramètres modifient le rythme de votre cœur pour une même puissance de travail.

Votre cardiofréquencemètre guide vos entraînements. Votre préparation rigoureuse vous rassure. Vous travaillez à des pourcentages précis de votre fréquence cardiaque maximum ! Parfois, vous avez réalisé un test d’effort et vous ciblez certaines séances autour de votre « seuil anaérobie ». Pourtant, vous êtes intrigué ! Certains jours vous vous calez aisément sur ces données ; d’autres fois, c’est étonnamment dur… ou même trop facile !

Souvent, vous pédalez à des fréquences cardiaques que vous seriez incapable de soutenir un autre jour ! Parfois, vous avez même renoncé à mettre votre ceinture magique «­de peur de vous faire peur­ »… ou de vous obliger à tourner en sous-régime ! Vous l’avez compris, trop de précision peut provoquer des erreurs. Le cardiofréquencemètre est un bon outil, encore faut-il interpréter les chiffres en tenant compte de nombreux paramètres physiologiques. Nous allons les découvrir ensemble.

Sept facteurs physiologiques

La fréquence cardiaque peut varier pour une même intensité en aquacycling. Sept facteurs physiologiques justifient cette constatation.

1 L’émotion

Avant une grosse séance test VO2max en aquabiking, vous déchargez les hormones du stress. Dans l’attente de votre séance, au repos, votre cœur bat plus vite, semblant anticiper l’effort à venir. Votre fréquence cardiaque à l’exercice s’élève à peu près d’autant pour une intensité donnée.

2 Le tapering

Ce terme décrit le repos précédant la séance « monstrueuse ». Au cours de cette période, vous vous ressourcez, votre système nerveux impose de moins en moins de récupération à votre cœur. Votre rythme cardiaque de repos augmente légèrement. Pendant la dite séance « monstrueuse », il est probable que votre fréquence cardiaque monte d’autant. Ce processus attestant peut-être une meilleure tolérance à l’effort, acquise grâce à cette phase de régénération.

3 La thermorégulation

Que la chaleur provienne de la contraction musculaire ou de l’air ambiant, il faut l’évacuer. Les vaisseaux sanguins de la peau s’ouvrent amplement et les glandes sudorales sécrètent une sueur abondante. Plus l’effort se prolonge, plus le système cardio-vasculaire se doit d’acheminer du sang vers la périphérie du corps. Pour une même vitesse, la fréquence cardiaque grimpe insidieusement.

4 La dérive cardiaque

Lorsque l’exercice se poursuit longtemps, chaque contraction du cœur perd de sa vigueur. Le sang éjecté à chaque battement diminue. Pour maintenir un débit cardiaque constant, la fréquence cardiaque s’élève peu à peu.

5 L’heure de la journée

Les rythmes biologiques de notre organisme font varier notre fréquence cardiaque tout au long de la journée. Ainsi, à l’exercice, notre cœur bat plus vite en fin d’après-midi. La différence est parfois de 20 % entre 9 h et 21 h ! Un entraînement matinal ne s’effectue pas à la même fréquence cardiaque qu’une séance en soirée !

6 L’accrochage cardio-vasculaire

Lorsque vous débutez un fractionné à vitesse élevée, votre fréquence cardiaque ne se cale pas immédiatement sur l’intensité de l’exercice. Pendant 2 à 3 minutes, elle est plus basse que ne le voudrait la dépense énergétique. Cette inertie se réduit au cours de la séance, au fur et à mesure que s’enchaînent les répétitions.

7 La dette cardio-vasculaire

Pour cause d’« accrochage cardio-vasculaire » ou en raison de « travail supérieur au seuil », le corps accumule une dette en oxygène. Lorsque vous arrêtez un fractionné, votre fréquence cardiaque est plus élevée que celle qu’imposerait votre vitesse en récupération.

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1 exercice, 2 FC (fréquence cardiaque)

La fréquence cardiaque varie aussi pour une même pénibilité. En clair, un exercice peut vous paraître plus ou moins difficile alors que la fréquence cardiaque est identique. Deux paramètres justifient cette constatation.

1 Le volume musculaire sollicité

Quand vous courez, la demande en oxygène est répartie sur une importante masse musculaire. Alors que le système cardio-vasculaire est fortement sollicité, la souffrance des muscles est modérée. Vous tolérez plus aisément une fréquence cardiaque élevée.

À l’inverse, en aquabiking, la dépense énergétique se concentre sur quelques muscles. Le cœur bat plus lentement et déjà vos cuisses se mettent à chauffer. Vous encaissez plus difficilement une fréquence cardiaque importante. En aquabiking, au seuil de l’essoufflement, le rythme du cœur est souvent 5 à 15 points plus bas qu’en course à pieds !

2 Le tapering

Le repos, avant un triathlon, aide vos muscles à supporter le rythme cardiaque effréné de la compétition. Tout se passe comme si cette phase de régénération avait permis une récupération des masses musculaires situées dans les membres. Ainsi, l’appareil locomoteur pourrait amener le système cardio-vasculaire à une intensité plus élevée sans manifester la moindre souffrance.

D’autres paramètres essentiels

Si la fréquence cardiaque contribue à évaluer l’intensité de l’exercice, elle ne constitue pas le seul critère. Sur le « terrain », chez l’aquabiker expérimenté, elle n’est probablement pas l’indicateur le plus performant. Pour doser son effort, il faut faire appel à d’autres paramètres tout aussi essentiels :

La respiration. Le « seuil de l’essoufflement » doit être particulièrement surveillé. ­

Les perceptions musculaires. Les tensions ou les brûlures musculaires permettent également de moduler son activité. ­

Les sensations articulaires. Le « sens du train » cher au sportif d’endurance provient des récepteurs articulaires qui informent le cerveau de la vitesse du mouvement. ­

Les sensations psychologiques. La difficulté perçue au cours de votre séance vous aide à évaluer son intensité. Chaque thème de travail correspond à un niveau de « pénibilité ».

Alors, apprenez le bon usage du cardiofréquencemètre. Croyez en son utilité ! Surtout, tenez compte de tous les facteurs physiologiques modulant le rythme du cœur. Ne restez pas coincé dans votre fourchette de fréquence cardiaque !

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Par Stéphane CASCUA, médecin du sport